Votez Ubu Colonial

Emmanuel Genvrin

A la création

La distribution

Un Ubu Roi créole

La pièce

Branle-bas de combat à la guinguette « Chez Marcelle » où Belbel, un portier obèse et stupide et rentré d’une guerre en Yougoslavie, décide de se faire élire roi de l’île.

Le spectacle

Pièce en créole et en français d’Emmanuel Genvrin, mise en scène par l’auteur avec des musiques de Jean-Luc Trulès et une scénographie d’Hervé Mazelin. Avec : Serge Dafreville, Arnaud Dormeuil (Ubu-Belbel) ; Délixia Perrine, Rachel Pothin (Mère Marcelle) ; Jean-Luc Trulès (Balthazar) ; Nicole Payet (Minette) ; Nicole Leichnig (Tantine) ; Emmanuel Genvrin (Rougail, Laloi) ; Pierre-Louis Rivière (Papin). La pièce puise ses références dans Ubu Roi d’Alfred Jarry, l’Almanach du XXè Siècle de Jarry, Fagus et Ambroise Vollard et dans les Réincarnations du Père Ubu, d’Ambroise Vollard. L’affiche du spectacle est semblable à une affiches électorale et un faux journal est distribué au public et dans la rue. Décors et accessoires furent récupérés au bar de nuit  »Chez Marcel », tenu par une figure  »pataphysique » bien connue des Dionysiens, et dont la troupe avait assuré la fête de fermeture en 1992.

Le contexte

Votez Ubu Colonial fut créé en réaction aux mauvaises manières des politiciens réunionnais qui censurèrent le spectacle précédent Millenium et tentèrent de faire disparaître la troupe, sauvée in extremis par une grève de la faim. Les subventions baissèrent drastiquement tandis que, suite aux émeutes « du Chaudron », une opération « mains propres » menée par l’Etat et la justice s’en prenait aux élus et administrateurs de l’île. A la première, les politiques et responsables culturels invités disparurent à l’entracte en proférant des menaces. Les journalistes locaux et intellectuels sollicités « descendirent » la pièce, un « Vrai Ubu Colonial » d’Ambroise Vollard fut réédité tandis qu’une commission d’experts de la DRAC voulut interdire que la pièce tourne en raison de la « mauvaise image donnée de La Réunion ». Une visite de Charb et Riss de Charlie Hebdo et la parution d’articles incendiaires en métropole durant trois semaines sauvèrent la troupe qui, invitée par le Festival Paris Quarter d’Eté, connut un succès retentissant, sous chapiteau place de Stalingrad. La reprise en hiver, en pleine grève de la réforme Juppé des retraites mit de nouveau à mal la compagnie qui, de retour dans l’île, fit face à une hostilité virulente. Les élus et le ministère de la culture supprimèrent définitivement la préfiguration « Centre Dramatique » de la compagnie tandis que l’Espace Jeumon, en mal de travaux et de financements, connaissait une descente aux enfers. Enfin, sous prétexte que le personnage d’Ubu était noir, le directeur du Théâtre Vollard fut accusé de racisme et le comédien qui tenait le rôle d’Ubu, à la suite de pressions, dut être remplacé.

Les vidéos

Extraits & interview

Les représentations

Créé le 13 juillet 1994 à l’Espace Jeumon de Saint-Denis de La Réunion Votez Ubu Colonial est joué dans l’île à Saint-Pierre puis en métropole au Festival des îles à Marseille, à Paris quartier d’été sous chapiteau en juillet-août 1995, repris place de Stalingrad pendant l’hiver et pour finir aux Uburlesques de Laval et au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine en septembre-octobre 1996. Au total 83 représentations devant 14 000 spectateurs générant 80 articles de presse à La Réunion et dans l’Hexagone. Le texte, illustré par Serge Huo-Chao-Si, parait en 1994 aux éditions Grand Océan, et en créole et version française avec partitions musicales dans le volume III de la compilation Théâtre Vollard, d’Emmanuel Genvrin (L’Harmattan-2022).

Le portfolio

La presse

Truculent et irrésistible Votez Ubu Colonial. C’est en début de soirée et on s’y amuse plus que n’importe où ailleurs.

Éric Dahan – Nuits blanches, Libération

Un véritable jeu de massacre pour la classe politique locale et un plaidoyer hilarant pour une  » opération mains propres  » dans l’île.

Le Provençal

Une satire réunionnaise où Emmanuel Genvrin n’y va pas par le dos de sa gidouille. 

Marc Laumonier – Libération

Sous les tropiques, il y a autant de requins sur l’île que dans la mer. Ubu Colonial renoue avec le vrai et bon théâtre populaire. 

B.F – Le Quotidien de Paris

La troupe réunionnaise renoue ici avec un théâtre politique dont on a pu juger l’insolence et l’humeur festive la saison dernière.

Marc Laumonier – Libération

Emmanuel Genvrin dénonce avec une belle constance les us et coutumes de la politique locale ainsi que celle de la grosse-mère-poule (la métropole). Il comble ainsi le fossé entre la scène et la ville. 

Pierre Hivernat – Les Inrockuptibles

Les articles