Hervé Mazelin

Hervé Mazelin

La première de Lepervenche restera un souvenir unique dans ma carrière, un moment de bonheur. Le pari d’Emmanuel Genvrin était totalement audacieux. Plus de trois heures de spectacle dont la mécanique s’articulait autour du chemin de fer : décors sur wagons, mouvements de trains, espace panoramique. C’était aussi le début du look « Marcel ». Pour élaborer le décor de « chez Paola » je m’étais inspiré du bar de nuit « chez Marcel », lieu mythique de Saint-Denis. Le look « Marcel » s’est imposé à nous tranquillement, comme une évidence, résultat d’une imprégnation sensuelle de La Réunion, d’une réflexion sur l’objet, sur sa fonction, ses détournements ainsi qu’une osmose avec Emmanuel Cambou qui en fit le fil conducteur des fêtes « Vollard ».

Hervé Mazelin

Parcours

Arrivé à la Réunion un 1er avril 1987 muni d’une solide expérience technique, j’ai commencé mes grandes aventures scénographiques avec le Théâtre Vollard. Emmanuel Genvrin et moi avons, je crois, inventé une forme, une esthétique et une relation privilégiée avec le public. Le fait d’être installé dans des lieux vides, non prévus au départ pour accueillir le théâtre, nous a permis d’aborder les créations en toute liberté, d’inventer pour chaque pièce un nouvel espace. Mettre en scène  » à l’italienne « , ce que nous avons fait par la suite pour Millenium ou Baudelaire au Paradis, est devenu un choix et non une contrainte.

Hervé Mazelin

Emmanuel Genvrin et Hervé Mazelin se sont connus au lycée Malherbes de Caen dans les années 70. Ils co-habitent avec Gilbert Décosses rue Saint Pierre à Caen et jouent ensemble au théâtre universitaire « La Tripe de Caen » (notamment dans « Mathusalem » d’Yvan Goll en 1977 et « Les Vieillards amoureux » en 1978 de Flaminio Scala où Hervé est un excellent arlequin). La Tripe est devenue plus tard le théâtre de la Rampe, toujours dirigé par Jean-Pierre Laurent, et jusqu’à sa mort véritable mentor, père spirituel et artistique d’Hervé. Emmanuel Genvrin l’appelle à ses côtés en 1987. Depuis cette date Hervé vivra pleinement l’aventure de Vollard et effectuera de nombreux séjours à la Réunion où son fils Arthur sera élevé. Parallèlement Hervé poursuit une carrière de scénographe en métropole, notamment à Granville, à Rouen, Caen, Bayeux, Reims, Paris. Pour Vollard Hervé scénographie Etuves et l’Esclavage des Nègres (1988), Lepervenche (1990), Carousel (1992), Millenium l’Apocalypse (1992), Millenium Apsara (1993), Votez Ubu Colonial (1994), Emeutes (1996), Baudelaire au Paradis (1997), Séga Tremblad (1999), Quartier Français (2002), Maraina (2005). Il est l’un des créateur de l’espace culturel alternatif de Jeumon à Saint Denis en 1990, il met en scène des fêtes comme celle, mémorable de « Marcel » en 1990, des festivals comme Pigalle Marron en 1998 à Paris. Spécialiste des espaces de théâtre hors-norme, son exploit scénographique restera la reconstitution à Trappes et Ivry sur Seine de la gare de la Grande Chaloupe de La Réunion avec ses rails et son chemin de fer pour les représentations de Lepervenche en 1996/97.