1987 : Godard, Je Vous Salue Marie

La cinémathèque de La Réunion s’apprêtait à projeter le film de Jean-Luc Godard quand l’extrême droite, intégristes et politiciens confondus, manifesta à genoux devant RFO. Afin de ne pas «troubler l’ordre public», les salles commerciales se désistèrent les unes après les autres, y compris celles du président communiste de la Région. La troupe, expulsée du Grand-Marché de Saint-Denis et qui venait d’emménager dans un cinéma à La Possession, proposa de projeter le film le 2 novembre 1987. La veille les comédiens se barricadèrent, tandis que des projecteurs de théâtre balayaient les alentours. Au matin, à la demande de l’évêché, Emmanuel Genvrin s’en alla « négocier » à la cure Saint-Jacques de Saint-Denis. Des fidèles avaient été amenés en autocars depuis le Sud. Les plus excités voulaient prendre d’assaut le Cinérama. Pendant ce temps, on projetait quatre fois le film tant il y avait de monde. L’image était exécrable et le son inaudible, mais chacun avait à cœur de défendre la liberté d’expression. Dans une tribune libre du 16 novembre 1987, L’évêque de La Réunion Gilbert Aubry, rentré de Rome, rappela que quoiqu’il ait été moqué dans Nina Ségamour, défendit la liberté d’expression. Le directeur de la cinémathèque Georges Boissier, impliqué dans une affaire de mœurs, fut emprisonné et décéda le 12 mai 1992. Une ordonnance de non-lieu fut rendue peu après. Dans Gran Marché, nouvelle parue en 2016 dans la revue Kanyar, E.Genvrin relata ces événements.

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