Tempête

Une adaptation originale

La pièce

Le duc et magicien Prospéro est exilé sur une île où il a réduit en esclavage le nègre Caliban et élevé sa fille Miranda selon les principes de la nature. Son serviteur et esprit Ariel fait échouer sur le rivage ses ennemis d’hier. Il leur pardonne, marie sa fille et rend la liberté à ses esclaves et serviteurs.

Le spectacle

D’après William Shakespeare et Aimé Césaire, réécriture et mise en scène d’Emmanuel Genvrin, musique de Jean-Luc Trulès. Construction des décors et des costumes : les comédiens, l’atelier du Crac. Musique : Paul Randrianome, Jean-Louis-Trulès, Alix Zibel. Masques : Emmanuel Genvrin. Régie lumière : Jean-Marie Quiesse, Claude Pitou. Avec : Alain Joron (Caliban), Olivier Mayolle (Prospero), Jean-Luc Trulès (Ariel, Eshu), Dominique Attali (Miranda), Alain Bled (Alonzo), Emmanuel Genvrin (Ferdinand, Tringulo), Marie-Hélène Pla (Gonzalo), François Poupon (Antonio), Raymond Guien, Jacqueline Quiesse (Sébastien), Sébastien Treilles (Stephano), Annick et Roger Helias, Jean-Pierre Hoareau, Catherine Bossuet, François Dambreville, Nicole Pounia, Jessy Pothin. 

Le contexte

Le Théâtre Vollard était officiellement l’atelier de la MJC du Tampon, créé un 1er avril 1979 à la suite d’un stage de théâtre de masques. A la recherche d’un répertoire « local », Tempête fut choisie comme seconde création, une adaptation d’Une Tempête d’Aimé Césaire. Les acteurs habitaient le Sud et, à l’occasion de fêtes à l’Étang-Salé, les sœurs Pounia, Patricia Château, Françoise Sida et de nombreux jeunes descendaient du Nord le week-end. Il y avait aussi François Dambreville, Raoul Lucas, Edmond Barret, fraichement exclus du FJAR (Front pour la jeunesse autonomiste de La Réunion). C’étaient les débuts de Carousel, Ziskakan, Daniel Waro. Dominique Attali et Jean-Luc Trulès voulaient qu’on devienne professionnels tandis que les autres hésitaient. Tempête mettait la barre assez haut et « à Gauche ». Si le projet tenait le choc, l’expérience continuerait. Le nom d’Aimé Césaire ne fut pas le bienvenu au Tampon où l’atelier fut supprimé, la troupe expulsée et les décors jetés à la rue pour faire de la place à Kalou Pilé, le groupe folklorique  »officiel » de La Réunion. Jean-Pierre Ducart et l’équipe de l’OMJ de Saint-Denis (de droite), qui avaient apprécié Ubu Roi en tournée l’année précédente, invitèrent la troupe à monter dans la capitale. Alain Joron en Caliban et Jean-Luc Trulès en Ariel firent sensation. Olivier Mayolle, photographe au Quotidien et futur administrateur de Vollard jouait Prospéro. L’accueil à Saint-Jacques fut chaud, on était à la veille de 1981 ! Le Crac qui avait d’abord refusé le spectacle « Je vous censure parce que vous êtes communistes », le programma quelques mois plus tard au théâtre en plein air de Saint-Gilles. L’élection de Mitterrand était passée par là…

Les représentations

Création le 6 décembre 1980 et représentations au théâtre du Tampon, reprise en avril 1981 à la salle Saint-Jacques de Saint-Denis et en juin au théâtre de Saint-Gilles. Au total 9 représentations devant 5 000 spectateurs. 

Le portfolio

La presse

Il est question de voyages, de cyclone, de tempêtes, toutes ces images qui rappellent à la fois la barbarie de l’esclavage et le violent souffle de libération qui anime notre peuple. 

F.P. – Témoignage Chrétien de La Réunion

Les comédiens se sont voulus plus royalistes que le roi en allant à la rencontre des sources lointaines dont Shakespeare lui-même s’était inspiré, masques, postiches, personnage typés jusqu’à la caricature, ballets quasi acrobatiques d’Ariel, comédiens interprétant jusqu’à trois rôles différents. 

L.M. – Le Quotidien

Un grand succès pour la troupe Vollard. L’enthousiasme et le talent des acteurs, l’originalité de la mise en scène, tout concours à la qualité du spectacle et à l’enchantement des spectateurs. Une grande première dans la production théâtrale locale.

Le JIR

La représentation de Tempête peut être vécue comme un moment de psychanalyse collective où chacun se retournant sur son passé s’attacherait à se débarrasser de ses phantasmes, de ses complexes et de ses peurs.

A.M, – Témoignages

Dans la salle Saint-Jacques, comble, avec une visibilité détestable mais une atmosphère enthousiaste, on se faisait presque piétiner. Grand œuvre ? Grande œuvre ? L’alchimie de la représentation montrait toute sa puissance.

Caroline Cazanave – Actualités Réunionnaises

Articles

• Actualités Réunionnaises, avril 1981. Une alchimie scénique.
• Art Quivi, avril 1981. Une tempête pour un art nègre.
• JIR, avril 1981. Le colonialisme touché de doigt.
• JIR, décembre 1980. Un grand succès pour la Troupe Vollard.
• Le Quotidien, décembre 1981. Dans l’œil du cyclone.
• Le Quotidien, avril 1981. Le coup de maître.
• Témoignages, avril 1981. Une lecture singulière.
• Témoignage Chrétien de La Réunion, avril 1981. Une tempête qui fait du bien.