Depuis 1981 le Théâtre Vollard avait construit de ses mains avec le soutien de l’Office municipal de la Jeunesse de Saint-Denis une vraie salle de théâtre, en toile et bagapan, avec des gradins, un équipement lumière, un endroit accueillant, simple et chaleureux. Les bureaux étaient à l’étage dans un ancien local de police. Le public aimait se retrouver sous l’architecture de cette halle coloniale où la qualité des spectacles devait impérativement faire oublier l’inconfort des gradins. La troupe avait obtenu de la direction du développement au ministère que l’on utilise les fonds d’une petite salle du théâtre prévue à Champ-Fleuri pour construire au Grand-Marché. Les autorités programmèrent donc, à 10 mètres de là, la construction d’un théâtre en dur, confortable et bien équipé, y compris utilisable en salle de conférence avec dispositif de traduction simultanée (resté dans les cartons…). Le maire et président du Conseil général Auguste Legros, avec lequel la compagnie entretenait pourtant de bons rapports, en avait promis la direction à la compagnie. Il se rétracta au dernier moment sous la pression des milieux conservateurs (J.Chirac devenu premier ministre, la droite locale réclamait des têtes) et d’artistes concurrents liés au RPR et à l’Église catholique. Il municipalisa une salle construite avec les fonds de l’État et du Département : il n’en avait pas le droit et le Ministère de la culture se retira du financement.
Un départ en fanfare
Les comédiens s’insurgèrent, constituant un comité de soutien, occupant le théâtre et repoussant un matin les employés municipaux venus le détruire. Ils rassemblèrent 6 000 signatures (les autres en face en avaient 40 !), organisèrent une grande fête Sauvez Vollard le 4 avril 1987 au Barachois, avec des dizaines d’artistes et d’associations solidaires. Le journal Libération apporta son soutien depuis la métropole. En septembre, après six mois de lutte et menacés par huissier de poursuite en correctionnelle, la troupe quitta les lieux pour le Cinérama de La Possession. Le départ se fit en fanfare. Laurent Segelstein peignit une fresque pendant que les employés communaux détruisaient le théâtre de bois. Une nouvelle d’Emmanuel Genvrin, Gran Marché, parue dans la revue Kanyar, raconta en 2016 sous forme romancée ces événements. Le « théâtre Fourcade », du nom d’un chansonnier réactionnaire, fut cédé aux amateurs et l’on nomma une directrice, Brigitte Gauci, professeur d’espagnol devenue par la suite gérante de pizzeria. Auguste Legros perdit les élections suivantes. En 1998, le Ministère reprit la main sur les lieux pour y créer le Centre Dramatique de l’océan Indien. Le Théâtre Vollard, pourtant Centre dramatique en préfiguration depuis 1987 fut écarté. Alors en représentation à Paris au Divan du Monde, la compagnie, assignée en redressement judiciaire, programma, le 12 décembre 1998, une autre soirée de protestation Sauvez Vollard.
Portfolio
Presse
Le RPR brûle les planches.
Yves Pus, LibérationLa fin d’une époque pour Vollard.
Le Quotidien 18 avril 1986
Vollard enfin au Grand Marché.
Visu février 1987
Vollard ne veut pas des strapontins
Le Quotidien 21 mars 1987
Vollard sur un volcan
Le Quotidien 18 mars 1987
Mettre cartes sur table
Témoignages 20 mars 1987
Vollard décapité
Le Quotidien 29 mars 1987
Fourcade au purgatoire
Témoignages avril 1987
Vollard s’insurge
Témoignages avril 1987
Théâtre et mérite
Visu avril 1987
Vollard l’entreprise
Témoignages avril 1987
Presse : la fête au Barachois
- Comité de soutien appel à la manif
- Témoignages, 4 avril 87. Le public fait la fête
- JIR, 6 avril 87. Vollard le gaillard
- Témoignages, avril 87. Fourcade au purgatoire
- Le Quotidien, 6 avril 87. Les artistes au Barachois
- Temoignages, 6 avril 87. Fourcade vaut bien une messe
- Le Quotidien, 10 avril 1987. Vollard à la rue
- Libération, 24 avril 1987. Vollard à veau l’eau