Nous rencontrons Laurent, fils d’Henri Segelsteinen en 1985 lors d’une exposition de ses œuvres à la librairie l’Entrepôt de Saint-Denis. Il réalise alors les décors du Chasseur de Tangues puis ceux de Run Rock et Garson en 1987, participe à la prise de possession des laves de Saint-Philippe, réalise une performance lors de l’expulsion de la compagnie du Grand Marché en peignant l’enceinte en bois du théâtre au fur et à mesure qu’elle est détruite par les employés municipaux. Il suit le déménagement de la compagnie au Cinérama de La Possession et décore sa façade de pochoirs de couleur. Il joue un secrétaire dans Etuves en 1988 et reprendra le rôle de d’Haricourt en 1989 lors de la tournée aux Francophonies de Limoges. Il est un juge dansL’esclavage des Nègres (1988), le secrétaire du Préfet et un résistant gaulliste dans Lepervenche (1990), Félix à la reprise de Marie Dessembre en 1990. Il met en scène lambians Dekader, la fête des Vingts ans de Vollard avec Emmanuel Cambou, réalise une performance pour Art Mafate et détruit avec lui en direct lavarangue de RFO lors d’une émission restée célèbre.
Jeumon Arts plastiques, Témoignages
Au début des années 90, peintre, il devient critique d’art dans le journal Témoignages sous le pseudonyme de Ptéros. Il accompagne le renouveau des arts plastiques dans l’île et fonde Jeumon arts plastiques (JAP) à Jeumon, qui regroupe la fine fleur des plasticiens locaux. Il crée Bâtissages, une exposition contemporaine et originale dans la grande halle de Jeumon lors de l’inauguration des lieux en 1991. En pleines émeutes du chaudron, c’est, de mémoire de réunionnais, la seule fois où les jeunes de ce quartier populaire tout proche, côtoieront l’art contemporain ! Marie Dessembre se joue au milieu des œuvres exposées. Suivront de nombreuses initiatives dont la réalisation de bangas mahorais qui apparaîtront en 1994 sur les articles de Charlie Hebdo. leur disparition quelques années plus tard sera l’objet d’un différent avec ses camarades du théâtre. Jap disparait à la fin des années 90 et devient Lerka à l’image de Jeumon, espace culturel libertaire qui ou bien meurt (cri du Margouillat, Palaxa) ou se transforme, victime de l’acharnement des autorités municipales et culturelles « officielles ».
Après Jeumon
Pendant les années 2000, Laurent Segelstein occupe divers postes tels commissaire d’expositions au musée de Stella Matutina ou à la galerie Charles Gounot de Saint-Denis, communiquant de l’Arast, rédacteur en chef d’Insomniak et Kwelafé, directeur de communication pour la campagne électorale de Gilbert Annette. Il participe à l’édition du catalogue Julien Blaine pour Lerka et continue d’organiser des expositions (Richard Purdy en 2009). Aujourd’hui il est Conseiller artistique de Withe Cube, qui prend en charge divers projets de la Ville de Saint Denis.